Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865)

La France de 1848 à 1914

Depuis la Révolution, la France na pas trouvé de régime politique stable. Se sont
succédées 4 tendances :
- La restauration de lancienne monarchie (la Restauration de 1815
à1830)
- La monarchie de type constitutionnelle (lexpérience de
1789-1792, la Monarchie de Juillet)
- Le bonapartisme (une monarchie républicaine ?)
- La République (1792 à 1799)
En fait, on oscille entre laffirmation et labandon des
acquis de la Révolution. De 1848 à 1875, on expérimente encore toutes les sortes de
Constitution. 1875 est marquée par la naissance de la IIIème République avec laquelle
le régime républicain devient le régime privilégié et permanent de la France
contemporaine (à lexception de Vichy).
1 - Léchec de la IIème République :
- Dans un premier temps, la République qui naît de la Révolution de
1848 associe principes de démocratisation politique à principes de démocratisation
sociale. Cela se traduit par des scènes de fraternisation de la Bourgeoisie avec le monde
ouvrier contre la Monarchie.
- Cependant, très vite, le non-respect de ces principes de départ
aboutit à des émeutes sévèrement réprimées qui marque le divorce entre classes
laborieuses et bourgeoisie au pouvoir.
- Par ailleurs, les conservateurs commettent lerreur de faire de
Louis-Napoléon Bonaparte leur candidat à lélection présidentielle de décembre
1848.
- Dès le 2 décembre 1851, par un coup dEtat, il dissout
lAssemblée et établit un gouvernement de transition vers une restauration de
lEmpire.
- Dès le 2 décembre 1852, il se fait proclamer empereur sous le nom
de Napoléon III.
2 - Le Second Empire (1852-1870) :
- Un régime autoritaire qui interdit les partis : pour Bonaparte, les
partis sont source de discordes. Il existe une guerre civile larvée entre légitimistes
(favorables à la restauration des Bourbons), les orléanistes (favorables à
Louis-Philippe), les Républicains modérés (la bourgeoisie favorable à la
démocratisation politique mais peu à la démocratisation sociale), les socialistes
(réformistes ou révolutionnaires). Linterdiction du multipartisme répond à la
volonté dapaisement des Français qui préfèrent alors aliéner une partie de leur
liberté (la pluralité des idées et donc la liberté dopinion et
dexpression) en échange de la paix civile. Dans ce cadre, lEmpereur possède
lessentiel des pouvoirs. Le Parlement est maintenu mais son rôle se borne à
approuver les lois rédigées par le Conseil dEtat dont les membres dépendent
directement de lEmpereur.
- Un régime populiste : Napoléon III restaure le suffrage universel.
Il entend sappuyer sur lapprobation populaire pour régner. Il organise
régulièrement des plébiscites pour approuver sa personne. Une propagande efficace et la
pression des préfets dans les départements, ainsi que linterdiction pour
lopposition de faire campagne oriente naturellement lopinion dans un sens qui
lui est favorable. Il y a plus populisme (appui démagogique sur le peuple) que
démocratie (réel pouvoir des citoyens). Dailleurs Napoléon III jouit dune
réelle popularité. Elle sappuie sur son souci de modernisation du pays et son
soutien aux milieux daffaires. Il montre aussi une certaine volonté
daméliorer les conditions de vie des masses laborieuses par une politique sociale
visant à améliorer les sociétés de secours mutuel et la subvention de logement
ouvrier.
- A partir de 1860, le régime évolue dans un sens libéral :
Napoléon perd deux appuis importants. Dun côté les catholiques qui lui reprochent
son soutien à lunité italienne (qui se fait contre le Pape). De lautre, le
milieux des affaires lui reproche son choix douvrir le pays au Libre-échange ce qui
expose les industriels à la concurrence britannique. Il cherche alors de nouveaux
soutiens chez les notables libéraux, les classes populaires et la petite bourgeoisie
démocrate. Il multiplie dans ce but les concessions aux idées libérales et
démocratiques : restauration des libertés, ouverture du Parlement à lopposition
républicaine, partage relatif des pouvoir avec le Parlement par le " droit
dadresse ".
- Ladhésion populaire au régime repose également sur les
succès militaires de Napoléon : par tradition avec le 1er Empire, Napoléon
III développe une politique extérieure de grandeur (Guerre de Crimée contre les Russes,
guerre contre lAutriche). Mais Napoléon III commet lerreur de déclarer la
guerre à la Prusse en 1870. La France est battue à Sedan en sept. 1870. LEmpereur
est fait prisonnier et les députés, à Paris, proclament la fin de lEmpire et le
retour à la République.
3 - La Commune : la révolution pour la démocratie sociale
- La défaite débouche sur une révolte du peuple de Paris. Cette
insurrection populaire, dans la tradition des émeutes parisiennes de lAncien
Régime, est idéalisée dans la mémoire ouvrière comme le point de départ du rêve
dune démocratie sociale.
- Deux raisons expliquent la Révolte de la Commune. La débâcle face
à la Prusse et la prise de Paris par les Allemands favorise le retour au pouvoir du camp
royaliste augmenté des républicains modérés autour dAdolphe THIERS. Cette
coalition est prête à accepter les conditions allemandes. La Commune est une double
révolte à la fois contre la résignation à la défaite et contre les monarchistes.
- Le peuple de Paris se dote de sa propre armée, la Garde Nationale.
- Les meneurs de la Révolte sont des militants socialistes ou
anarchistes comme Jules Vallès, Auguste Blanqui, des disciples de Proudhon.
La Commune entend proposer un nouveau régime politique pour la France où
lautogestion joue un grand rôle. Elle a pour but également de fonder une nouvelle
société de partage, garantissant une réelle démocratie sociale.
- Le gvt de Thiers avec lautorisation allemande réprime
sévèrement la Commune au cours de la " Semaine Sanglante " (21-27 Mai 1871).
On dénombre plus de 20 000 victimes et plus de 30 000 déportés.
- La gauche socialiste se trouve pour longtemps écartée de la vie
politique.
4 - La République simpose à ses adversaires (1875-1885) :
- De 1870 à1879, les Républicains et les Royalistes alternent aux
principaux postes de responsabilités. En 1875 toutefois, des lois constitutionnelles
proclament la République et à partir de 1879, les Républicains sont majoritaires au
Sénat et à la Chambre des Députés. De plus, le Républicain Jules GREVY devient Pdt de
la République. Ainsi, le camp républicain ne cesse désormais dêtre porté au
pouvoir par les urnes. Les républicains alors en place sont des modérés dit "
opportunistes ". Ils prennent un grand nombre de mesures favorables au renforcement
du régime républicain.
- On établit les symboles de la République : la Marseillaise
devient hymne national (1879), le 14 Juillet Fête Nationale et Marianne devient la
personnification de la République.
- Lidéal républicain est ensuite renforcé par lécole :
en 1881 et 1882, Jules FERRY instaure ses lois scolaires qui instaure lécole
primaire gratuite, laïque et obligatoire. Les conséquences sociales sont importantes
(travail des enfants, possibilité de promotion sociale par lécole
). Les
conséquences culturelles sont fondamentales (renforcement de la centralisation et de la
cohésion nationale par la disparition des régionalismes). Les conséquences politiques
sont évidentes (enracinement de lidéal républicain dans lesprit des enfants
: les instituteurs deviennent ainsi les " Hussards de la République ").
- Les libertés fondamentales sont renforcées : lois sur la liberté
de réunion et de presse (1881), loi de légalisation des syndicats (1884 par
labolition de la Loi Le Chapelier qui date de la Révolution).
5 - La République connaît des crises qui la fragilise mais elle
parvient à les dépasser (1885-1899) :
. La crise boulangiste (1889) :
- vers 1885, les Rép. sont en difficulté. Ils doivent faire face à
la Grande Dépression et à une instabilité ministérielle grandissante. Cela provoque le
mécontentement social et le développement de lantiparlementarisme.
- à partir de 1886, le Gal Boulanger devient très populaire et rallie
à lui tous les mécontents. Il est élu triomphalement député à Paris en 1889 et ses
amis le pressent de prendre le pouvoir par un coup dEtat.
- Au dernier moment, il sy refuse et fuit en Belgique.
- Cependant, lantiparlementarisme se maintient et se renforce par
une nouvelle crise.
. Le scandale de PANAMA (1892-1893) :
- la C° du Canal de Panama verse des pots-de-vin à plusieurs
députés pour quils votent une loi qui la favorise.
- Le scandale éclate et il remet en cause lintégrité de la
classe politique toute entière aux yeux de lopinion.
- Parallèlement, se développe une vague dattentats anarchistes
(attentat à la bombe par VAILLANT à lAssemblée en 1893, assassinat du Pdt de la
Rép Sadi CARNOT en 1891). On prend des lois contre les anarchistes (1893-1894).
. Laffaire Dreyfus (1896-1899) :
- une affaire de ceux qui défendent la Raison dEtat au
détriment de la justice et des libertés individuelles.
- Une affaire derrière laquelle lantisémitisme et la
xénophobie sont omniprésents.
- Manifestation dun courant nationaliste exacerbé en France en
réaction contre la défaite de 1870 et en parallèle avec le développement de
lesprit revanchard qui précède 1914.
- de place pour les positions modérées au pouvoir.
6 - La République des Radicaux (1899-1914):
- LAffaire Dreyfus amène au pouvoir les Radicaux et donne voie
au chapitre dans le débat politique à une nouvelle génération dhommes politiques
comme Poincaré, Briand ou Jaurès.
- Ce renouvellement politique débouche sur des réformes plus
importantes et plus énergiques.
- Les Radicaux pratiquent une politique anti-cléricale très
prononcée. Le laïcisme militant devient pour longtemps un des fondements de
lidentité de la Gauche. Cela se traduit par la dissolution des ordres religieux.
Cette dissolution interdit de fait lenseignement privé et met fin au rôle
privilégié que jouait lEglise dans léducation (1902). En 1904, la
République rompt ses relations diplomatiques avec le Vatican. En 1905, cest
laboutissement de cette politique anticléricale avec la séparation de
lEglise et de lEtat.
- Le début du siècle est également très marqué par lesprit
de revanche sur lAllemagne. Lécole sert de propagande patriotique, la
diplomatie française mène une politique dalliances qui conduit à la formation de
la Triple Entente (avec la Russie et la GB), le débat politique se focalise sur la durée
du service militaire, les crises diplomatiques avec lAllemagne se multiplient (les 2
crises marocaines en 1905 et 1911). Lopposition politique entre la droite et la
gauche, centré jusque là sur la question sociale, se déplace sur lopposition
entre militarisme et pacifisme.
Copyright ©
1995-2003 PROUDHON, JpP. Tous droits réservés.