Un Couple Célèbre
PRUD'HON (Pierre Paul), peintre français (1758.1823),
et Constance MAYER (1775-1821).

Pour son malheur, le peintre Prud'hon, dont toutes les toiles montrent la tendresse du coeur, avait épousé une mégère : Jeanne Pennet. Toujours en état de furie, elle venait le relancer jusque dans l'atelier que le gouvernement lui avait concédé la Sorbonne. Au milieu des élèves ébahis ou rieurs, elle faisait éclater ses imprécations, reprochait à son époux toutes sortes de crimes imaginaires. Il fallait la pousser dehors. Prud'hon dut même demander Vivant Denon, l'estime directeur des Musées, sa " protection" . Cependant, une compensation inespérée se présenta un jour aux yeux du peintre sous les traits d'une nouvelle élève, Constance Mayer. Elève de Suvée, puis de Greuze, elle venait lui demander le secret de sa peinture, qu'elle nommait une " peinture d'âme ", entendant par là que son art n'était pas seulement fait d'observation, mais que le sentiment y prédominait et que chacune de ses toiles semblait appeler un poème. Agée de vingt-huit ans, elle avait une grâce telle, a écrit Prud'hon, que, " dès qu'on, l'avait vue, on ne pouvait en oublier le rayonnement". Le portrait que celui-ci a laissé d'elle nous la montre, en effet, d'une beauté fraîche et naturelle. Mme Prud'hon, devenue tout à fait folle, fut enfermée aux Petites-Maisons par ordre exprès de l'empereur, après une scène de jalousie qu'elle était venue faire à l'impératrice Marie-Louise dans le palais des Tuileries.
Constance Mayer qui prit place au foyer du peintre

 



Prud'hon et Constance Mayer,
qui prit place au foyer du peintre

Ce fut Constance Mayer qui prit place au foyer du peintre, s'occupa de ses quatre enfants tout en continuant à peindre et à préparer les toiles de son maître. Cependant, comme s le destin s'acharnait toujours sur ce malheureux artiste, la jeune femme semblait à son tour, mais d'une toute autre manière, ressentir les atteintes de troubles mentaux. Cela se manifestait chez elle non par la fureur, mais par des accès de noire mélancolie. Alo r s elle gémissait qu'elle devenait vieille et laide, que son ami ne la gardait que par pitié, le soupçonnant, mais sans amertume, comme si ce malheur était mérité, de la tromper avec des femmes plus belles qu'elle n'était.
Un jour - le 26 mai 1821, Prud'hon la trouva couchée, morte, dans une mare de sang. Elle venait de se trancher la gorge. Delacroix nous le montre, penché sur le cadavre et tentant de refermer les lèvres béan tes de la blessure, d'où le sang ne coulait plus. Il demeura inconsolable, s'enfermant dans son souvenir, tentant, par un certain spiritualisme, de retrouver cette âme enfuie. Les Goncourt nous le montrent, peu de jours après le drame, repassant sur les tons que Mlle Mayer avait posés, " promenant le pinceau partout ou celui de la morte s'était promené, trouvant un âcre plaisir, une douloureuse et chère volupté à se rapprocher ainsi de celle qui n'était plus ". Il lui survécut moins de deux ans. Il est inhumé auprès d'elle, au cimetière du Père-Lachaise.

 



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