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Cette maison ne se distinguait des autres que par cette inscription surprenante gravée par Jean-Baptiste Victor lui même sur le linteau de la porte d'entrée (comprenne qui pourra !)
Beatus ille qui, procul negotiis,
Paterna rura bobus exercet suis.
Heureux celui qui, loin de ses affaires,
travaille la terre paternelle avec des bufs à lui.
Maison Natale
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Elle fut détruite en 1872 par un incendie. Claude-Joseph
PROUDHON (1819 - 1895) l'un des petits fils de Claude-François, l'a remplacée par un
autre bâtiment moins vaste, d'une architecture toute différente et à un emplacement sis
à quelques pas de l'autre.
La maison paternelle étant devenue trop étroite pour
recevoir sa famille, il construisit, à quelques pas de celle-ci au nord, avec ses
premières économies, une habitation plus vaste, mais non moins rustique que la
précédente. Sans doute, il possédait à Ornans une maison que distinguent sa tourelle
féodale, ses fenêtres gothiques, ses grands appartements lambrissés, décorés de
tapisseries et de portraits de famille ; mais il préférait à ce séjour, celui de
Chasnans, où il était heureux de retrouver ses amis d 'enfance dont il avait toute la
confiance; il préférait à ce luxe, la simplicité de la maison qu'il avait élevée et
dont il fut le seul architecte.
D'épaisses murailles, rappelant, sinon par leur élégance, du moins par leur solidité,
les constructions romaines, supportent une lourde toiture en laves, dont la charpente,
bardée de fer peut braver les injures du temps pendant des siècles. Chaque ouverture est
protégée, contre l'incendie extérieure, par de doubles volets en fer; à la confection
de ces travaux, il n'a pas employé moins de 12 000 kilogrammes de métal, et nul autre
que lui n 'a jamais connu les sommes énormes qu'il dépensa pour cette construction.
En prenant toutes ces précautions, on eût dit que Proudhon prévoyait le jour ou un
incendie détruirait presque en entier le village de Chasnans et n 'épargnerait sa maison
que grâce à son extrême prudence.
Cette maison a été cédée en 1858 par son fils Camille à l'un de ses parents,
Fortuné (1822 - 1889), frère de Claude-Joseph (1819-1895). Elle n'a été protégée de
l'incendie de 1872 que par sa couverture en laves et ses volets garnis de fer du côté du
village. Un mur fermait une cour et un jardin ou l'on entrait par une porte monumentale.
Dans le même style, Jean-Baptiste Victor a fait faire un mur d'enceinte formant le beau
verger, à côté de la maison.
A l'intérieur, on dirait un couvent: un long corridor dessert sept ou huit pièces,
meublées avec une simplicité que nos habitudes modernes de confon et d'élégance ont
fait oublier depuis longtemps. A la cuisine, un vaste foyer réunissait, pendant les
fraîches soirées d'automne, les élèves et les amis dont le bon doyen se plaisait à
s'entourer; et c 'est là, qu'à la lueur d'un sapin embrasé, il racontait quelque
histoire de sa jeunesse, entonnait une chanson du temps passé, ou bien encore engageait
sa fille à chanter des hymnes ou des cantiques, dont il aimait le rythme simple et
cadencé.
Fatigué d'une journée passée tantôt
avec ses livres ou ses amis, tantôt au milieu des ouvriers qu'il dirige ou de ses
paroissiens qu'il aide de ses conseils, le bon pasteur se retirait de bonne heure : le
lendemain on le retrnuvait, comme la veille, prêt à se partager entre le travail, ses
amis et ses enfants.
Toujours absorbé pas la préparation de ses traités, le moment du départ le surprenait
à sa table de travail ; il ne s 'arrachait à ses livres qu'au moment où la voiture
était à sa porte et, pour tout bagage, il emportait son manuscrit et ses notes
enveloppés dans une serviette.
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