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Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865


Mémoires 2 :


Sa mère

Sa mère, Catherine SIMONIN, née le 28 octobre 1774 à Cordiron est décédée le 17 décembre 1848.

Elle gouverne la maison. Tout ce qui est de I 'intérieur la concerne ; c 'est elle qui pétrit le pain, qui lessive, qui repasse le linge, qui cuisine les repas, qui trait la vache, qui va aux champs lui chercher l'herbe, qui tricote et ravaude pour cinq.

" C'était une personne d'ordre, de méthode, disent ceux qui l'ont connu, une femme supérieure douée d'un caractère héroïque" écrit Sainte-Beuve.

Un jour, un ami le surprit près de la chaise de la mère endormie et veillant avec sollicitude à ce que rien ne troublât ce sommeil du milieu de la journée.

PROUDIION nomme sa fille aînée Catherine : "je l'appelai Catherine, du nom de ma mère à qui je dois tout ; cela fait beaucoup rire ; le nom de Catherine n 'est pas à la mode ; j'ai voulu faire honneur à la paysanne que le monde n'a a pas connue et qui en valait bien une autre... Ma mère à qui je dois tout: la vie du corps, l'émancipation de l'esprit..."



Son père

Son père, Claude-François PROUDHON né à Chasnans le 27 septembre 1779 est mort à Cordiron, le 30 mars 1846.

Bien que se rattachant surtout à sa mère, PROUDHON n'a jamais parlé de son père qu'avec respect et affection

Mon père, à 66 ans, épuisé par le travail sentit tout à coup que sa fin était venue... Alors, il voulut se préparer pour le grand voyage et donna lui-même ses instructions. Les parents et amis sont convoqués : un souper modeste est servi, égayé par une douce causerie. Au dessert, il commence ses adieux... "J 'ai eu bien du mal dans ma vie, dit-il, je n'ai pas réussi dans mes entreprises, mais je vous ai aimés tous, et je meurs sans reproche". Au plus jeune : "Dis à ton frère que je regrette de vous laisser si pauvre, mais qu'il persévère...".

Un parent, quelque peu dévot, croit devoir réconforter le malade en lui disant que tout ne finit pas avec la mort, qu1il faut rendre compte, mais que la miséricorde de Dieu est grande...

"Cousin Gaspard, répond mon père, je ne sais pas ce qu'il en est et je n 'y pense aucunement. Je n'éprouve ni crainte, ni désir ; je meurs entouré de ce que j'aime, j'ai mon paradis dans mon cœur".

Vers dix heures, il s'endormit, murmurant un dernier bonsoir, l'amitié, la bonne conscience, l'espérance d'une destinée meilleure pour ceux qu'il laissait, tout se réunissant en lui, pour donner un calme parfait a ses derniers moments...

Le lendemain, mon frère m'écrivait: Notre père est mort en brave!... Ses prêtres ne le canoniseront pas et je ne souhaite pas pour moi-même d'autre oraison funèbre ".



Son enfance à Burgille

Jusqu'à douze ans, ma vie s'est passée presque toute aux champs, occupée tantôt de petits travaux rustiques, tantôt à garder les vaches. J'ai été cinq ans bouvier. Quel plaisir autrefois de me rouler dans les hautes herbes; de courir pieds nus sur les sentiers unis, le long des haies ; d 'enfoncer mes jambes dans la terre profonde et fraîche ! Plus d'une fois, par les chaudes matinées de juin, il m'est arrivé de quitter mes habits et de prendre, sur la pelouse, un bain de rosée...

Cette vie proche de la nature était celle de la plupart des enfants du monde rural, jusque vers les années 50... Enfance laborieuse et pauvre pour Pierre-Joseph, on l'irnagine bien.

…Je suis pauvre, fils de pauvre...

L abbé SIREBON, curé de la Madeleine à Besançon, lui fait sa première communion. Il gronde le garçon pour avoir mangé, en temps maigre, des pommes de terre cuites au saindoux.

Mon père, répondit-il, mon pâques ne vaut pas votre vendredi saint.

Après une distribution de prix d 'ou je revenais chargé de couronne, je ne trouvai pas chez nous de quoi dîner...

Il trouva sa famille prostrée à cause d'un procès qu'elle venait de perdre.

 



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