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Celui que lon surnommait le "Corrège français" est le seul artiste denvergure de son temps à être resté en dehors de linfluence de David. Prudhon ne sest imposé que très progressivement, grâce aux amateurs friands de ses petits tableaux et surtout de ses dessins, un des meilleurs aspects de son uvre. De son vivant même, il avait alterné périodes de réussite et dinsuccès. Le début de sa carrière est marqué par ses origines bourguignonnes: les autorités, ayant remarqué les dispositions de ce fils de tailleur de pierre, né à Cluny, lui permirent détudier à Dijon dabord, puis, grâce aux largesses dun amateur, à Paris (1780-1783); enfin, lauréat du prix de Rome de la province de Bourgogne, il voyage en Italie (1784-1788). Il connaît ensuite des années difficiles au point de vue matériel (il a charge de famille depuis 1778). Quelques compositions allégoriques, reprises dans des gravures, lui permettent de se faire connaître dans la capitale, mais il va habiter en Franche-Comté en 1794-1796, vivant de portraits et dillustrations pour léditeur Pierre Didot. Il nen est pas moins élu membre associé de lInstitut en 1796, et revient alors à Paris, où sa carrière prend un nouvel élan: il obtient au Louvre un atelier pour réaliser en grand La Sagesse et la Vérité descendent sur la terre (1798-1799, Louvre, Paris), et peint pour lhôtel du financier de Lannoy un décor allégorique (éléments conservés, Louvre) qui fait sensation. Il reçoit des commandes de plafonds pour le Louvre et commence à être connu. Il rompt au même moment avec sa femme, mais se lie avec une de ses élèves, Constance Mayer (1775-1821), dont luvre est étroitement liée à la sienne. La consécration vient enfin au peintre avec le succès remporté au Salon de 1808 par La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime , un des tableaux les plus populaires du XIXe siècle français. Son activité est alors multiforme: outre des compositions mythologiques (Psyché enlevée par des Zéphyrs , 1808, Louvre; Vénus et Adonis , 1812, Wallace Collection, Londres; Jeune Zéphyr se balançant au-dessus de leau , 1814, musée des Beaux-arts, Dijon, répétition ou étude en grisaille, Louvre) et de nombreux portraits (Joséphine , 1805; Monsieur Vallet ; 1812, Le Roi de Rome , 1812, tous trois au Louvre; Le Comte Sommariva , 1815, Brera, Milan), il continue à fournir des illustrations aux éditeurs, dessine les décorations de fêtes données par la Ville de Paris, crée le modèle du mobilier pour la nouvelle impératrice Marie-Louise (1810), dont il est nommé professeur, ou le berceau du roi de Rome (1811). La fin de sa vie est moins brillante. Mélancolique, de nouveau financièrement gêné, brisé par le suicide de Constance Mayer, qui voulait lépouser, il ne peint, à lexception dune Assomption pour la chapelle des Tuileries (1817, Louvre) aucun des tableaux que le nouveau régime lui demande pour le Sénat, léglise de La Madeleine ou le Louvre, se consacrant pour lessentiel au portrait et à la lithographie. La fortune critique de Prudhon a souffert de cette fin dramatique, comme de létat de nombre de ses tableaux, abîmés par lemploi abusif du bitume. Considéré comme une victime exemplaire de la dictature davidienne ce quil nest pas ou plus simplement comme le continuateur de lart aimable du XVIIIe siècle ce quil nest quen partie , il a toujours été placé à part, génie solitaire quelque peu égaré dans la France néoclassique. Il reste encore un peintre à redécouvrir.
(Extrait de l'Encyclopédie Universalis)
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